Portrait de Nicolae Gheorghe en activiste rom et pourfendeur de la raison tsigane
La première fois que j’ai rencontré Nicolae Gheorghe, au tout début des années 1970, ce fut par l’intermédiaire d’un ami commun qui l’a présenté d’une façon assez étrange, sur un ton quelque peu condescendant : « Tu verras, c’est un collègue (à la fac de sociologie à Bucarest), eh bien, il n’ose même pas se promener seul les samedi soir de peur d’être pris pour un ţiganborât (Tsigane vomi) ». Ainsi averti, j’avais bien remarqué que son teint était un peu foncé tandis que ses joues semblaient marquées par la variole, mais cette description ne m’a guère impressionné, les tensions et la menace de conflits imminents entre les Tsiganes et les Roumains étant un des sujets favoris de cet ami, lui-même originaire d’un village des alentours de Bucarest qui comptait de nombreux habitants tsiganes. Sur le coup, nous avons spontanément sympathisé, puis nous nous sommes perdus de vue pour nous retrouver une décennie plus tard, à Paris. Entre temps nous avions fait plein de trucs chacun de son côté, moi, en France, j’avais fait littéralement le tour des groupes et comités les uns plus radicaux que les autres, lui il avait parcouru en long et en large la Roumanie pour recueillir des informations sur les communautés tsiganes grâce notamment à son travail au Centre de recherches sociologiques dans le cadre très officiel, jusqu’à 1981, du programme du Parti communiste roumain d’« intégration des Tsiganes ». Ce qui nous a agréablement surpris c’est que nous nous retrouvions pratiquement sur la même longueur d’ondes sur plein de sujets alors que nous nous étions détachés totalement des milieux que nous fréquentions auparavant. Peu avant son retour en Roumanie, nous avons enregistré un long entretien qui paraîtra quelques mois plus tard dans Iztok, puis sera repris intégralement par la Documentation française. Le texte portait la signature Alexandru Danciu, puisque c’est sous ce pseudonyme qu’il venait d’envoyer en février à Radio Free Europe une lettre ouverte au lendemain de l’agression d’un journaliste français (Bernard Poulet, du Matin) à Bucarest attribuée par les autorités à des « voleurs tsiganes ». Dans cette lettre, il exposait la situation précaire des Tsiganes en Roumanie et critiquait le PCR qui était en train d’abandonner le programme d’intégration signalé plus haut.
Pendant les trois décennies qui ont suivi, ses positions n’ont pas fondamentalement changé alors qu’il se sont passé des choses et surtout que lui, Nicolae Gheorghe, en a fait des choses !
Pour faire prendre conscience de la mutation qui a eu lieu au lendemain de l’implosion du communisme en Roumanie, je rappellerai ce qui à mes yeux rendait et rend encore le racisme antitsigane insupportable en Roumanie. En effet, il comprend deux facettes, deux aspects, parfaitement contradictoires mais qui ne sont pas communément conçues comme contradictoires malgré l’évidence. D’une part, nombre de Roumains rejettent avec violence ceux dont le comportement correspond peu ou prou aux stéréotypes courants sur les Tsiganes : « Ils ne travaillent pas, ils volent, ils ne respectent aucune morale ou, plus précisément, ils ne veulent pas travailler, être honnêtes, suivre des principes moraux comme nous autres Roumains nous le faisons ou nous nous efforçons de le faire. D’autre part, ces mêmes Roumains sont à l’affût du moindre indice qui leur permette de repérer, parmi les gens qui travaillent, qui sont honnêtes, ceux qui en raison de la couleur de leur peau, de leur regard, de leur façon de s’habiller, seraient en réalité des tsiganes, des gens qui peuvent par conséquent à tout instant retourner à leur condition première, celle de faignants, de malhonnêtes, de débauchés. Autrement dit, pour faire appel à une notion dont on use et on abuse de nos jours : « Ils ne veulent pas s’intégrer ! » et, quand ils le font : « Gardons-les à l’œil ! » Pour casser ce cercle vicieux, court-circuiter à cette « logique » dévastatrice, il n’y a pas trente-six solutions : « Oui, je suis tsigane, je suis rom, je travaille ou je ne travaille pas, je suis honnête ou non, comme vous autres roumains, que cela vous plaise ou non ! » Encore faut-il, pour qu’un tel choix porte à conséquence, que la conjoncture historique soit propice et que des gens franchissent le pas sans hésiter. C’est ce qui s’est passé en Roumanie dès le début des années 1990 et nous avons là un des très rares aspects que l’on puisse qualifier de révolutionnaire dans ce pays où l’on parle sans sourciller de « révolution » tout court à propos des événements de décembre 1989. Dans la mise en route de cette nouvelle dynamique et lors de ses premières manifestations, Nicolae Gheorghe a joué un rôle clef. La première structure organisationnelle du mouvement, la Fédération ethnique des Roms, a été fondée, en mai 1990, à l’improviste, dans le bureau qu’il occupait à titre de conseiller pour les minorités du Comité provisoire d’unité nationale (CPUN) dans l’ancien siège du Comité central. Evidemment, nous avons affaire à un processus complexe dont les retombées sont contradictoires : depuis la chute du régime communiste on assiste, par exemple, à une montée en flèche de l’animosité envers les Roms qui, par ailleurs, ont été les principales victimes du démantèlement des coopératives agricoles et des grandes industries. Cependant, personne ne saurait à la longue arrêter la dynamique enclenchée en cette occasion par la remise en question par les Tsiganes eux-mêmes de la condition subalterne à laquelle ils ont été astreints en Roumanie.
Fin décembre 1989, nous nous sommes ratés de peu aux alentours du siège du Comité central du PCR squatté depuis quelques jours par Nicolae et quelques autres insurgés qui observaient avec stupéfaction les allées et venues des nouveaux maîtres du pays. Puis, nous nous sommes revus à quatre ou cinq reprises, toujours plutôt par hasard, et, chaque fois, nous avons causé nuit et jour sans relâche, toujours contents de nous retrouver sur tout ou presque, ce qui nous arrivait si rarement avec les autres. Il y en avait un qui commençait la phrase, l’autre qui la continuait. Pour ma part, je dois l’avouer, j’étais fort impressionné par ses exploits en matière d’activisme civique en faveur des Roms, par son refus d’entrer dans les combines des nouveaux partis roms, corrompus à l’instar des autres partis mais avec des conséquences encore plus dramatiques pour ceux qu’ils prétendaient représenter, inquiet quand il avait été enlevé par les nervis du roi des Roms (début 1991), étonné par ses retrouvailles par la suite avec ce même « roi », heureux quand j’avais des nouvelles à propos des programmes d’alphabétisation, sanitaires et éducatifs menés par le « Romani Criss », ce centre d’intervention sociale qu’il a fondé en 1993, et par les actions qu’il menait à Varsovie, à la tête du bureau Roma de l’OSCE (1999-2006) et assez flatté quand il m’a raconté comment il s’était procuré le livre que je venais d’écrire en 1993 sur les Aroumains pour le montrer à ses interlocuteurs d’origine aroumaine comme nombre d’habitants de la commune Mihail Kogalniceanu, suite à l’expédition punitive menée contre des Tsiganes dans cette commune. « Vous êtes aussi une minorité, vous avez connu aussi la déportation comme nous, les Tsiganes, nous devrions nous entendre… » La position de Nicolae Gheorghe sur cette affaire qui remonte à septembre 1990 est emblématique pour sa démarche tout au long de cette période. Il a lancé le cri d’alarme, en posant en des termes aussi politiques que possible le problème, accusant les auteurs des méfaits d’avoir commis un pogrome à caractère raciste et les autorités de les avoir laissé faire. C’était une première en Roumanie. Mais c’est lui aussi qui a tout fait pour tenter de trouver une solution négociée. Enfin, en 2011 il déclarait lors d’une conférence : « Ce que je peux dire vingt ans après, et que je n’ai pas dit en ce temps, c’est que les maisons incendiées appartenaient surtout à ceux qui étaient connus pour des infractions. », tout en rappelant que la multiplication de ce genre d’incidents pendant la période 1989-1997, qui se sont soldés par une dizaine de morts et presque trois cents maisons incendiées donnait l’impression de l’existence d’un véritable « pattern », modèle punitif.
Cette façon d’alterner des positions radicales et modérées en fonction d’une analyse soucieuse avant tout de prendre en compte les réalités, de même que sa conception fluctuante du « nous » en parlant des Tsiganes n’ont eu de cesse de surprendre ses interlocuteurs et, surtout, d’exaspérer son entourage.
L’activiste civique face à la dialectique confiance/roublardise
Jusqu’à la fin de sa vie il l’a dit et répété à qui voulait l’entendre que l’on est tsigane d’abord aux yeux de l’autre et que lui-même n’avait qu’une envie : pouvoir choisir d’être ou ne pas être tsigane. Pour lui, il ne s’agissait pas là d’une simple « vérité » scientifique, qui faisait l’unanimité parmi les anthropologues depuis la parution de la thèse de Fredrik Barth, mais d’une conviction acquise par sa propre expérience et qui l’a littéralement hantée. Il était issu d’une de ces familles de « bons Tsiganes », dont la situation matérielle était parfois meilleure que celle d’autres familles roumaines habitant les mêmes quartiers périphériques de Bucarest. Si on les traitait souvent de « Tsiganes tout court », leur principale préoccupation n’était pas moins d’éviter de rejoindre les « mauvais Tsiganes », les pauvres qui vivaient aux marges de la société, mendiaient, volaient. Il racontait comment sa mère se rappelait avoir échappé à une razzia en 1942 parce que des voisins l’ont reconnue comme étant la femme d’Anghel Tsiganul, le chauffeur – la déportation concernait seulement les Tsiganes enregistrés comme « nomades ». Excellent élève, Nicolae Gheorghe a fait le lycée militaire en internat puis a passé avec brio le concours d’admission à la faculté de sociologie en 1968 pour devenir ensuite chercheur en 1973. « Bon Tsigane » aux yeux des uns, « Tsigane tout court » aux yeux des autres, intrigués ou jaloux de ses performances intellectuelles (tel notre ami commun évoqué plus haut), il ne s’est engagé qu’après la fin de ses études. Mais il l’a fait pour de bon et avec une énergie sans pareil. Le romani, il l’a appris sur le terrain, et les contacts avec une famille réputée de la zone de Sibiu dont le bulibaşa (chef de clan) allait se proclamer roi, l’ont aidé dans sa démarche tout en lui compliquant la vie et en le poussant à des compromis sur lesquels il reviendra à maintes reprises. Etait-il pour autant tsigane ? Sans doute, mais pas seulement, pas toujours, se plaisait-il à dire, en provoquant ses interlocuteurs roms, fraichement engagés dans le mouvement civique et formés pour la plupart par lui-même, avec des réflexions incommodes destinées à leur faire prendre conscience de la complexité de leur tâche.
A plusieurs reprises, je lui ai demandé pourquoi il n’écrivait pas davantage, non pas des rapports, des tribunes ou des mémoires, mais dans son domaine, la sociologie, qui lui était si cher. Chaque fois que j’ai tenté de l’inciter à le faire, il repoussait les échéances. En réalité, à bien regarder, entre la fin de ses études, en 1972, et le 22 décembre 1989, il a fait du terrain, plus que quiconque, recueilli des matériaux, témoignages, histoire de vie, en compagnie parfois de confrères occidentaux déjà réputés ou qui allaient devenir des spécialistes des Roms. Pour ce qui est des aspects historiques, des explications, des éventuelles solutions et surtout des impasses communautaristes ou nationalistes auxquelles elles risquaient de mener, il en avait fait le tour. Il ne ressentait donc pas le besoin de revenir sur toutes ses questions, de multiplier les interventions aux colloques, de pondre des articles dans les revues de spécialité, de donner des cours dans des universités prestigieuses qui l’auraient accueillis volontiers en raison de sa réputation acquise dès la fin des années 1970. Il y avait comme une fébrilité chez lui dans ce sens que, visiblement, conscient de savoir, il n’avait qu’une envie : faire, agir.
Tiraillé entre le souci d’efficacité dans les actions qu’il promouvait et des causes qu’il défendait dans des situations le plus souvent d’urgence, d’une part, et, d’autre part, par son regard lucide et avisé de sociologue et ses propres convictions, désirs et états d’âme, il n’est jamais parvenu à endosser les habits du bureaucrate européen influent, du politicien roumain plus ou moins respectable et/ou un intellectuel brillant mais soucieux de sa carrière, alors qu’il a occupé des postes de responsabilité au sein d’organisations internationales telles que l’OCDE, alors qu’il a joué un rôle politique clef à la fois par ses interventions publiques et comme conseiller gouvernemental et qu’il était si apprécié sur le plan professionnel à Londres comme à Paris ou à New York. Il ne l’a pas cherché non plus, loin s’en faut, et de ce point de vue son pari est réussi. Il a fait autre chose, il a déclenché le mouvement et l’a animé tout en faisant ce qui était dans ses moyens pour en empêcher les dérives.
A vrai dire, son plus grand plaisir, surtout depuis la fin de sa mission à Varsovie, fut de pratiquer l’anthropologie avec ses propres « coethniques » actifs dans le mouvement civique, souvent formés par lui-même. Devant le danger de les voir sombrer dans un nationalisme soupçonneux ou embrasser des carrières politiques douteuses, il les interpellait dans l’espoir de provoquer chez eux une prise de conscience critique. A cette fin, il n’hésitait pas de se donner lui-même en exemple en racontant comment, peu après s’être affirmé comme tsigane et quadrillé le pays avec les kalderash, il s’est marié avec une Roumaine à la surprise générale. « Je n’étais pas obligé de me comporter en tsigane, c’était mon droit, comme individu, de choisir. Et je me suis dit que j’ai échappé ainsi à l’oppression ethnique de tsigane, produite par l’histoire et arrivée jusqu’à moi sous la forme d’un préjugé, d’un stigmate. (…) L’identité ethnique comme option, comme opportunité de choisir, te donne un espace de liberté. Pour beaucoup, cette option n’existe pas encore, n’est pas possible », se confessait-il à Iulius Rostaş à l’été 2011 à Salerno où il se trouvait en traitement chez sa fille.
La journaliste Oana Sandu a fait paraître dans la revue DOR, n° 12 (août 2013) un très beau texte retraçant la vie et les combats de Nicolae Gheorghe, qu’elle rencontré peu avant sa mort à Salerno. Dans ce texte, qui se recoupe avec l’entretien réalisé par Iulius Rostaş, elle résume et explique à sa façon le contentieux de Nicolae Gheorghe avec les siens, tel qu’il l’a lui-même présenté chaque fois qu’il a été sollicité.
En 1993, Romani Criss a démarré un programme d’aide financière et professionnelle destiné à plusieurs communautés de Roms pour démarrer de petites affaires. Ceux qui recevaient l’argent auraient dû arriver à faire du profit et rembourser l’argent reçu sans payer d’intérêts afin que d’autres communautés roms puissent en bénéficier. Nicolae rêvait à quelque 200 petites affaires, et, pendant six ans, en utilisant des donations fournies par des organisations internationales, a financé des projets d’une valeur de 600 000 marks.
Ce fut un projet ambitieux qui s’est soldé par un échec cuisant. On a fait des plans d’ateliers de briqueterie, de tannage, de vannerie, de métallurgie. La seule condition requise était de s’associer. Très peu parmi ces affaires ont vu le jour et encore moins ont débouché sur des profits. Lors des contrôles, les intéressés trouvaient toujours des excuses : ils ne trouvaient pas la clef où se trouvait la matière première, ils invoquaient un décès dans la famille, prétendaient qu’ils étaient exploités…
Nicolae s’est senti berné et perçu comme un non-rom par les Roms alors qu’il pensait avoir établi non seulement un contrat sur papier mais aussi un contrat moral, fondé sur le pakiv (confiance). « J’ai vu un caractère des Roms que j’ignorais, qui est pratiqué peut-être en famille, dans le clan mais pas dans les relations avec des gens de Romani Criss ou un Nicolae Gheorghe, perçu comme un non-rom, comme un gadjé. La règle de base est de berner le gadjé et non pas de tenir parole. »
Il a ressenti alors la faille qui sépare la mission de l’activiste civique du Rom traditionnel.
Cependant, quand on lit ses propos dans l’entretien avec Iulius Rostaş, les choses semblent plus complexes, même si l’aversion Nicolae Gheorghe pour la dialectique confiance, à l’intérieur du clan/roublardise vis-à-vis du monde extérieur – trait qui ne caractérise pas seulement les Roms dans les Balkans - a été constante.
«On ne peut pas être activiste des droits de l’homme – ce qui relève d’une ontologie sociale, d’une éthique de l’universalité, de valeurs judéo-chrétiennes poussées jusqu’au bout – et, dans le même temps, rom, selon les règles des différentes groupes roms, selon des valeurs de communautés qui, pour survivre et pour se protéger (sur le plan culturel mais aussi en matière de sécurité personnelle et de groupe), ont évité le monde qui les entourait s-au ferit de lumea din jur, se sont construites en marge de ce monde. La pratique historique de ces communautés « traditionnelles » est fondée sur une relation d’exploitation du monde qui les entoure : le monde qui les entoure les a exploitées, elles l’ont exploité à leur tour. Cette relation n’est pas d’égalité mais asymétrique, hiérarchique, d’hégémonie du monde extérieur.
L’identité tsigane s’est maintenue grâce aux clans, expliquait-il, le problème est de savoir comment bâtir un « projet ethno-politique » qui pourrait aboutir à un corpus national « paneuropéen », à un « peuple politique » ? « On peut être rom aussi sans être victime, en assumant l’histoire des Roms. En fin de compte, être rom est aussi une victoire, c'est une survie dans l’histoire qui mérite d’être célébrée. »
A la génération qui a investi l’activisme civique d’apporter une réponse ! Pour le faire, elle doit remettre en question sa propre relation avec les milieux traditionnels dont ses membres sont issus ou dont ils se réclament. Aussi appelle-t-il ses confrères au « réveil du sommeil dogmatique de l’identification ethnique spontanée, qui ne passe pas par une pratique fondée sur la réflexion. (…) Nous avons certes réussi imposer nos idées sur le plan international, pas dans les pratiques au niveau local, faisait-il remarquer. Les communautés roms demeurent dominées par les leaders de pratiques non démocratiques, autoritaires voir à caractère criminel. »
Retour au nomadisme, nouveau nomadisme ?
« Nomade » est le mot qui convient le mieux à Nicolae Gheorghe, il n’arrêtait pas de bouger, écrivait l’auteur de la page que l’Economist (17/08/2013) lui a consacrée au lendemain de sa mort. Il s’agissait d’une métaphore, que l’on retrouve sous diverses formes dans les autres textes parus en cette occasion, mais qui renvoie, qu’on le veuille ou non, au nomadisme associé aux Tsiganes dans l’imaginaire collectif ainsi qu’à une certaine mobilité bien réelle de pans entiers de la population rom. Cet aspect de Nicolae Gheorghe m’avait toujours frappé aussi, d’autant plus que, de mon côté, j’ai toujours eu une certaine propension pour la mobilité. De surcroît, je suis moi-même issu d’une ethnie éparpillée (dispersée ?), donc minoritaire à l’époque moderne, longtemps marquée par un certain type de nomadisme, le nomadisme pastoral pratiqué dans le cadre de l’élevage extensif qui a permis à cette ethnie de conserver et perpétuer son particularisme, sans pour autant trouver sa place dans les Balkans à l’heure des Etats nations. Par ailleurs, et c’est peut-être le plus important, j’ai eu il y a une dizaine d’années comme une révélation au bord d’un train qui traversait les contrées méridionales de la Valachie à la vue de femmes et d’hommes, de vieillards et d’enfants, parfois tout nus, dans un état de dénouement extrême, qui erraient dans les champs avec leurs affaires, tout cela dans un paysage désolant, de coopératives abandonnées, de terres en friche… Retour au nomadisme, nouveau nomadisme ? En m’interrogeant là-dessus, je me suis rappelé que par le passé, à propos des Aroumains, je n’ai pas trouvé de réponse convaincante à la question de savoir si les nomades étaient sédentaires à l’origine ou si les sédentaires provenaient des nomades. Puis je suis revenu sur terre : ceux que je voyais étaient littéralement poussés par la faim et la misère sur les routes et la question du nomadisme de leurs ancêtres était pour le moins déplacée. Enfin, pour ce qui est de la mobilité dont faisait preuve à sa façon Nicolae Gheorghe, elle était d’un type bien particulier. Quels rapports entre ces pauvres bougres dont certains allaient se retrouver eux aussi aux quatre coins de l’Europe et Nicolae Gheorghe navigant de conférence en réunion de travail entre Bucarest, Varsovie, Washington ou Bruxelles? Il y en avait peut-être, mais à vrai dire c’est la différence qui saute aux yeux : Nicolae Gheorghe, lui, avait choisi, s’est donné les moyens pour choisir, le plus souvent à contre-courant d’ailleurs, ce pourquoi il a payé le prix fort.
Sa dernière intervention retentissante a eu lieu à la Conférence sur la contribution des Fonds européens à l’intégration de la population rom, qui s’est tenue à Bucarest, les 12 et 13 octobre 2010. Elle portait justement sur le nomadisme, dont l’« invention » au sujet des Roms, estimait-il, leur avait déjà occasionné des dégâts par le passé et risquait de leur réserver de mauvaises surprises à l’avenir. Pour contrer cette dérive, il propose un raisonnement sociologique historiquement ancré à partir d’un moment clef, l’abolition définitive, en partie sous la pression de l’Angleterre et de la France, de l’esclavage des Tsiganes dans les pays roumains à la veille de la formation du premier Etat roumain en 1859.
La catégorie « nomade » a été forgée au XXe siècle, dans les années 1930, fait-il remarquer, en rappelant les débats, qui avaient commencé plus tôt en pays de langue allemande, sur les dangers de contagion pour la société que représentaient les « nomades », qui ont conduit par exemple la Commission de roumanisation à délivrer aux Tsiganes installés (aşezaţi, pământeni) des certificats de « Tsiganes roumanisés ». Toujours dans les années 1930, en URSS, c’est le qualificatif « nomade » qui a permis aux autorités de réprimer les artisans roms et leurs familles étendues en déplacement en raison de leurs activités. Ce phénomène se reproduira dans les pays du bloc de l’Est dans les années 1950.
Pour désigner les réalités auxquelles on se référait traditionnellement en parlant de nomades, il propose une autre catégorie, plus appropriée, d’« itinérants », dans l’acception courante du mot : personnes qui se déplacent d’un lieu à un autre afin de déployer une certaine activité, profession (travail du métal, du bois, musique, négoce…). Ces « Tsiganes du prince », comme on les appelait par le passé, bénéficiaient d’une certaine liberté de mouvement alors qu’en Moldavie et en Valachie nombre de Tsiganes dépendaient des monastères et des boyards. Ils étaient littéralement des esclaves (en roumain robi). Leur libération marquera un tournant à tous points de vue. C’est à partir de cette date que ce qui désignait un statut juridique et socio-économique particulier acquerra progressivement une signification ethnique. Cela étant dit, à partir de cette date les Tsiganes, dont la situation économique ne cessera de se dégrader, sont des citoyens roumains. Théoriquement, parce que tout le problème est là, d’une manière ou d’une autre jusqu’à nos jours. En effet, être citoyen dans un Etat national, comme la Roumanie, sans appartenir à la nation et/ou sans être reconnu comme tel, et se situer presque systématiquement en bas de l’échelle sociale pose de sérieux problèmes dont l’accumulation a conduit à la situation critique que l’on observe de nos jours. La reconnaissance de l’appartenance à une nation à part, rom, fait partie des conditions permettant le déblocage de la situation, mais à elle seule elle ne mène pas loin. A maintes reprises, Nicolae Gheorghe a rappelé que c’est parce que l’Etat est national, y compris formellement après 1989, que la reconnaissance de la nationalité rom est nécessaire. L’autre condition, et c’est tout le combat de Nicolae Gheorghe, est que les Roms soient acceptés comme des citoyens à part entière et qu’à leur tour ils vivent pleinement leur citoyenneté, s’impliquent dans la vie de la cité.
« Nous en avons assez des Tsiganes ! »
Ce n’était pas la première fois qu’il s’insurgeait contre cet usage abusif du stéréotype « nomade » et contre les solutions exceptionnelles censées résoudre un problème non moins exceptionnel, celui des Roms de Roumanie et des pays de l’Est et du Sud-Est européen. Cette fois-ci, il l’a fait dans un contexte particulier, dans la foulée des diatribes de Sarkozy et de ses conseillers contre les Roms et des « réponses » des autorités roumaines. Les uns et les autres s’empressaient de décréter « nomades » les Roms expulsés de France vers la Roumanie, les media s’en mêlaient, et une idée neuve apparemment généreuse faisait son apparition : les Roms sont un « problème européen », la solution ne saurait être qu’européenne, etc. Pourquoi ces gens-là, sédentaires pour la grande majorité d’entre eux depuis un bon moment, qui tentaient tout simplement d’échapper à la grande pauvreté seraient-ils des nomades ? En réalité, fait-il observer, les différents gouvernements essaient de se défausser des problèmes soulevés par les Roms sur l’Europe. Le titre de son exposé est explicite : « Nous avons un problème roumain et non pas « européen ». La véritable approche européenne, rappelle-t-il, s’appuie sur le principe de subsidiarité de l’Union européenne, selon lequel les questions doivent d’abord être résolues au niveau local. La véritable citoyenneté se traduit alors de bas en haut, du niveau local vers le niveau national et la citoyenneté européenne devient un élément de « valeur ajoutée ». Telle n’est pas l’approche de la citoyenneté en Roumanie, loin s’en faut, les préoccupations y sont d’une autre nature. Le tableau qu’il dresse de la mentalité qui prévaut dans ce pays est tout aussi réaliste qu’effrayant :
« Nous en avons assez des Tsiganes ! » : cette pensée fait partie de la psyché publique roumaine depuis les déportations pendant la Seconde Guerre mondiale. La migration massive des Roms depuis l’adhésion à l’Union européenne s’inscrit dans la forte mobilité internationale des citoyens de la Roumanie (environ 3 millions se sont expatriés depuis 1990). Le phénomène est spontané, mais sert le but (déclaré ou non) de « sortir » les Roms d’un certain nombre de communautés locales. Cette façon d’envisager les choses - qui coquète avec l’idée que les Roms devraient « devenir européens », qu’ils seraient des « citoyens de l’Europe » avant les autres - est fondée sur l’idée que les Roms vont partir, et qu’ainsi les Occidentaux les auront à leur charge et « comprendront notre malheur ». Tout cela m’inquiète. La présentation des Roms comme des citoyens sui generis constitue un argument subtil dans un long débat qui a quelques fâcheux antécédents dans l’histoire mentale et politique de la Roumanie moderne et contemporaine, mais la solution du « problème des Roms » doit être trouvée ici, en Roumanie.
En filigrane de l’inquiétude dont fait part avec tant d’insistance Nicolae Gheorghe à propos de ce statut suigeneris conféré dernièrement aux Roms, on peut lire, me semble-t-il, une crainte plus profonde, qui porte sur une perspective autrement plus sombre que ce que nous avons vu jusqu’à présent, celle de voire les Roms retrouver à l’échelle de l’Europe la condition de parias dont parle Hanna Arendt. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les nomades étaient déportés collectivement, les sédentarisés seulement individuellement.
Depuis 2007, Nicolae Gheorghe agit en outsider, en philosophe, écrit Oana Sandu qui raconte comment, gravement malade, il continuait à faire des virées en ville, à Salerno, à la rencontre de Roms mendiant aux coins des rues pour s’enquérir de leur sort, les incitant à participer aux activités d’une association en train de se créer, à envoyer les enfants à l’école... Loin de s’endormir sur les acquis du mouvement qu’il a fondé et animé, il continuait à manifester le désir d’aller de l’avant tout en avouant que les grandes questions qui l’avaient hanté restaient à débattre. « L’économie socialiste était-elle la solution, dans sa manière de donner du travail à tous ? La pensée anarchiste apportera-t-elle une réponse à nos besoins en auto-organisation ? s’interrogeait-il dans un entretien avec Julia Beurq, en ajoutant que « Même si cela peut sembler utopique, nous avons besoin de connaissances en coopératives sociales ».
Nicolas Trifon
novembre 2013
1. Critiqué pour son intervention lors d’une conférence internationale sur le thème « les Roms, une minorité non reconnue dans les Balkans », il est réorienté en 1981 vers le programme « Développement rural ». Peu après, commencent ses problèmes avec la Securitate, qui va l’interroger à plusieurs reprises.
2. « Introduction au problème tsigane à l’Est » Iztok, revue libertaire sur les pays de l’Est, n° 5 (septembre 1982) et 6 (mars 1983) Cf. http://www.la-presse-anarchiste.net/spip.php?rubrique175
3. L’usage du mot « rom » s’est progressivement généralisé depuis son adoption lors du premier Congrès mondial des Roms (Londres, avril 1971) et on ne peut que s’en féliciter. S’agissant de la Roumanie, je continue à utiliser en alternance « tsigane », terme courant dans ce pays y compris parmi les Roms. Le mot « rom » est souvent utilisé de manière pernicieuse dans les médias roumains. Chaque fois que la moindre occasion se présente, on parle de « rom » en faisant sentir qu’il s’agit d’une obligation en quelque sorte (d’autant plus fâcheuse qu’il y a confusion possible avec « roumain ») et, surtout, de telle façon que ce mot véhicule dans les faits les mêmes stéréotypes que « tsigane » puisqu’il est accolé aux criminels, prostitués, délinquants et autres vagabonds ; précisons que ce genre de précision n’ont pas cours lorsqu’il s’agit de délinquants non roms.
4. Plus ou moins cachées à l’époque communiste, les réalités tsiganes sont apparues au grand jour après 1990 et connu des changements considérables à l’instar de ce qui se passait pour tout le monde en Roumanie. Cette nouvelle visibilité n’a pas manqué d’accréditer des préjugés contradictoires auprès de pans entiers de la population. Les Tsiganes sont rejetés plus que jamais aujourd’hui parce qu’ils sont pauvres, et de ce point de vue être tsigane ou en avoir l’air par son comportement c’est avant tout un signe d’extrême pauvreté, statut qui hante littéralement bien des non-tsiganes en voie de déclassement. Mais on les rejette aussi, et avec encore plus de virulence, parce qu’ils sont démesurément riches, en pointant les fortunes ramassées par tel ou tel chanteur, homme d’affaires douteux, chef de clan ou délinquant notoire. En réalité, la société rom telle qu’elle se donne à voir, ou plutôt telle qu’elle est perçue, illustre jusqu’à la caricature les deux traits qui caractérisent la société roumaine dans son ensemble : paupérisation galopante des uns, enrichissement ostentatoire des autres. Pour le Roumain ordinaire, cette situation est jugée scandaleuse et révoltante quand il s’agit des non-Tsiganes mais naturelle quand il s’agit des Tsiganes.
5. Quelques mois auparavant, suite aux razzias des mineurs dans les quartiers tsiganes de Bucarest (14-15 juin), il avait fait adopter à Copenhague une mention sur les problèmes spécifiques des Roms dans un document de l’OSCE condamnant le racisme et l’antisémitisme. C’était une première. A noter que cet aspect a été pratiquement passé sous silence par les médias et ignoré par l’opinion publique, les razzias, à l’appel du Président Iliescu, ayant été présentées comme exclusivement dirigées contre les protestataires de la place de l’Université et les intellectuels. Sur les 1200 personnes arrêtées sans mandat en cette occasion 700 étaient d’ethnie rom.
6. « Despre persecuţia împotriva romilor şi cum s-a construit percepţia că romii sunt anti-Revoluţie », Cosmin Năvodaru, HotNews, 28/03/2011.
7. Issu des kalderash (chaudronniers), une des branches itinérantes les plus prestigieuses, Ion Cioabă, né en 1935, a connu la déportation en Transnistrie enfant. Présent déjà au Ier Congrès rom de Londres en 1971, il se convertira au pantecôtisme et restera en bons rapports avec le régime communiste puis avec ceux qui se sont succédé. Les relations de Nicolae Gheorghe avec ce personnage, son entourage et son fils Florin, qui a pris la succession à sa mort en 1997, ont été en dents de scie. Il éprouvait de la fascination tout en étant écoeuré par certains aspects. Soucieux de conserver son leadership dans le monde rom et inquiet à l’idée de se mettre à dos le pouvoir, Ion Cioabă accusa Nicolae Gheorghe d’extrémisme et d’antiroumanisme après que celui-ci ait dénoncé du caractère raciste des violences perpétrées contre des Roms en 1990. Par la suite, ils sont arrivés à une sorte de compromis, en sorte que tant Ion que Florin Cioabă ont pris des positions « réformatrices », notamment au sujet du mariage précoce, à l’instigation de Nicolae Gheorghe.
Le père de Nicolae Gheorghe était issu des zlătari (orpailleurs), la mère des lăutari (violoneux). Les deux étaient de « bons tsiganes », intégrés de longues date, en sorte que leur fils n’a pas été élevé dans la tradition rom.
8. Cf. à ce sujet l’étude qui lui est consacrée par l’anthropologue nord-américain Sam Beck en 1993 : « Racism and the Formation of a Romani Ethnic Leader » dans Perilous states: conversations on culture, politics and nation, éd. George E. Marcus, Chicago : University of Chicago Press, pp. 165-185.
9. Entretien disponible sur Internet sans autre précision, sous le titre « L’identité romani entre victimisation et émancipation ». "http://bucharest.the-hub.net/files/2012/08/interviu-Nicolae-Gheorghe.pdf" Apparemment, sa publication est prévue dans un ouvrage collectif édité par la Fondation Soros : "http://www.soros.ro/sites/default/files/ro_186_Selectie%20partener%20editorial_De%20ce%20rom%20si%20nu%20tigan.pdf" Consulté le 27/11/2013.
Ce texte est d’autant plus passionnant que Iulius Rostas - lui aussi sociologue et actif dans les structures de défense des droits des Roms, né en 1973 - défend très bien son point de vue, souvent différent de celui de Nicolae Gheorghe.
Ce texte est d’autant plus passionnant que Iulius Rostas - lui aussi sociologue et actif dans les structures de défense des droits des Roms, né en 1973 - défend très bien son point de vue, souvent différent de celui de Nicolae Gheorghe.
10. Cette position ressortait aussi des échanges de méls que nous avons eu au printemps 2012 qui n’ont malheureusement pas abouti à l’objectif que nous nous sommes fixé, à savoir la rédaction d’un livre en français intitulé Des Roms, des Roumains, et autres sujets qui fâchent.
11 L’esclavage a été aboli en plusieurs vagues, la dernière ayant eu lieu en 1855 en Modavie, 1856 en Valachie. En Transylvanie, elle a eu lieu en 1785.
Les premières tentatives d’envergure de sédentarisation forcée, entreprises au nom de la nocivité attribuée au nomadisme des Tsiganes, remontent à l’administration autrichienne qui, sous Marie-Thérèse puis Joseph Ier, a émis les décrets de1773 et 1782 appliqués sur le territoire de la Hongrie. Dans Histoire des Bohémiens ou tableau des moeurs, usages et coutumes de ce peuple nomade (Paris, Chez Joseph Chaumerot et Chaumerot Jeune, 1810, éd. allemande 1783), H.M.G. Grellmann décrit dans le détail les mesures draconiennes prises en cette occasion pour transformer les Bohémiens habitant dans des tentes ou des huttes et suspectés de tous les maux en « nouveaux paysans ». (Merci à Matei Cazacu pour ces précisions.)
L’étonnant poème héroïco-satirique Tiganiada sau Tabăra ţiganilor (la Tsiganiade ou Le camp des Tziganes) de Ioan Budai-Deleanu, qui marque les débuts de la littérature roumaine, composé en 1800 par Ioan Budai-Deleanu (1760-1820), érudit marqué par les Lumières, fonctionnaire autrichien à Lvov, peut être mis en rapport avec ces débats. On trouve difficilement dans une autre œuvre littéraire roumaine une telle empathie pour les Tsiganes.
12. Le mot rumân désignait aussi, encore jusqu’au milieu du XVIIIe siècle (1746) un statut social, celui de serf, et rumânie le système de dépendance personnelle des paysans par rapport aux boyards, avant d’acquérir un siècle plus tard une signification nationale : Român (roumain) et România (Roumanie). Les robi (esclaves) étaient en revanche la propriété des boyards et des monastères.
13. Sur ce point aussi sa position a été constante, je me souviens en avoir parlé lors des entretiens de 1981, la catégorie « gens de voyage », « travellers » ou « caminanti » qui incluent les Roms citoyens français, britanniques et italiens qui le souhaitent sans leur être réservée à eux seuls, puisqu’il s’agit d’un droit administratif et non mas ethnique, n’est pas une solution envisageable pour les Roms des pays de l’Est pour une multitude de raisons dont le fait qu’il n’y ai pratiquement plus de Roms itinérants dans le sens traditionnel n’est pas la moindre.
14. Déclaration de Nicolae Gheorghe à la Conférence sur la contribution des Fonds européens à l’intégration de la population rom, Bucarest, les 12 et 13 octobre 2010. Une version abrégée cosignée avec Bertrand du Puch, Alan Clark et Rupert Wolfe Murray est parue en français dans la revue Projet n° 316, pp. 77-85, sous le titre « Le mythe du Rom nomade : comment se défausser de la question rom sur l’Europe ».
Courrier des Balkans, du 16 juillet 2012.
Note de Dan Culcer. * Fâcheuse, car elle concerne l'image globale des Roumains hors les frontières de la Roumanie, la confusion entre les Roms et les Roumains est possible seulement au niveaux de la terminologie utilisée dans la presse et les institutions dans des pays comme la France, principalement, ou on ne fait pas la distinctions entre citoyenneté et nationalité ou identité communautaire, comme c'est le cas en Roumanie ou dans d'autre pays de l'Europe de l'Est, par exemple. Hors toute référence a des origines administratives une minorité Tsigane mobile, identifiable par ses comportement associaux et penales, est traitée souvent avec une excessive tollerance au nom de lutte contre l'intolérance. Les voleurs, les escrocs, les organisateurs de la mendicité des enfants et de la prostitution ne sont pas seulement de Tsiganes de Roumanie, ni simplement des Roms. Les Roms ne détiennent le monopole de ces occupations lucratives et non-imposables. Mais ceux qui les pratiquent savent se faufiler entre les paragraphes des lois et l'argent noir ainsi accumule sert a la construction des palais biscornues en Roumanie, en Moldavie, en Hongrie, en Serbie etc. Des bourgeoisie communautaires qui contrôlent en partie le marchais noire devrait participer comme tous les spéculateurs de l'evasion fiscale, a l'integration sociale de leurs congénères, des communautés dont elles est issue, pour compenser l'evasion fiscale notoire.D.C.