Les Conseils que j’aurais donnés à monsieur Barnier s’il m’avait demandé mon avis.
Monsieur Barnier va donc retourner à une retraite (plus importante, on est content pour lui) qu’il n’aurait jamais dû quitter, et pourtant il était arrivé à un moment de l’Histoire où tout était en place pour qu’il réussisse. Et il a échoué. Il a sans doute été mal conseillé. Il aurait dû me demander mon avis.
Voici ce que je lui aurais dit s’il avait eu l’idée aussi sotte que grenue (saugrenue) de me consulter.
Les solutions que lui proposeraient Bercy ne pouvaient pas réussir.
Conjoncturellement.
La France est en train de rentrer en récession, les recettes vont s’écrouler, les dépenses exploser et la dette va monter de 10 points au moins en termes de PIB dans les deux années qui viennent.
Et c’est déjà dans la boite.
Les périodes hachurées en gris représentent les recessions en France.
Toutes ces périodes ont été précédées par les indicateurs économiques avancés de l’OCDE (la ligne rouge) passant en dessous de 100.
Nous sommes à 98.5, et donc une récession arrive (ce que tous mes outils annoncent également)
Et chaque récession a été suivie par un creusement du déficit budgétaire et donc une hausse de la dette en pourcentage du PIB (ligne bleue montant).
Et celle qui vient va être particulièrement sauvage.
La pire des choses à faire à ce moment du cycle serait donc d’augmenter les impôts, puisque cela fait baisser et le revenu disponible des citoyens et les profits des entreprises et rendrait la récession beaucoup plus forte.
Qu’a proposé monsieur Barnier, suivant, hélas, les recommandations des ignoramus de Bercy, ce qu’avaient déjà fait tous ses prédécesseurs ?
Le lecteur le sait : augmenter les impôts de 40 milliards d’euros. C’est-à-dire, exactement ce qu’il ne fallait pas faire.
Ces gens sont fous au sens ou Einstein l’entendait puisqu’ils font toujours la même chose en espérant des résultats différents à chaque fois.
A dire vrai, je n’ai pas le souvenir dans toute ma carrière d’un seul déficit budgétaire qui ait été comblé par une augmentation des impôts, mais le fait que cela n’ait jamais marché n’est pas inclus dans le corpus intellectuel admis à l’Inspection des Finances. …
Le fait qu’ils suivent cette politique depuis cinquante ans et que cela n’ait jamais marché n’a aucune influence sur le modus operandi de nos sachants.
Nous sommes donc gouvernés de fait depuis cinquante ans par des fous qui ne comprennent rien, mais vraiment rien, à la création de valeur.
Et le pire est que cette idée, stupide conjoncturellement l’est encore plus structurellement.
Structurellement.
Nous sommes du mauvais côté de la courbe de Laffer.
Arthur Laffer fut l’un des conseillers de Ronald Reagan et il remit au gout du jour l’un des vieux proverbes français : « Trop d’impôts tue l’impôt «
En fait, il annonçait une évidence.
Dans tout pays, il existe un rendement optimal de l’impôt
Si l’Etat prélève 100 % de tous les revenus, tout le monde arrête de travailler et les rentrées fiscales deviennent nulles.
Si les impôts sont fixés à 0%, les gens travaillent certes, mais comme il n’y a pas d’Etat, il n’ y a aucune sécurité des contrats, des personnes, des biens et tout le monde est pauvre.
Il faut donc fixer le taux marginal d’imposition à un niveau qui permettra à l’Etat d’être efficace et à chacun de garder un maximum de ce qu’il a produit
Et, toujours d’après Laffer, le ratio rentrées fiscales / taux d’imposition de votre revenu suit une courbe en cloche selon le schéma ci-dessous.
Les expériences historiques semblent montrer que le taux optimal est entre 25 % et 35 %.
Pour les créateurs de richesse, nous sommes (en France) certainement au-dessus de 50 %.
C’est-à-dire qu’il est à peu près certain que toute augmentation des impôts amènerait à une baisse des recettes fiscales.
Et donc la seule solution à la situation budgétaire française actuelle serait de baisser les impôts.
Plus vous baisserez les impôts, plus les rentrées fiscales augmenteront.
C’est ce que j’aurais dit à monsieur Barnier.
Baissez les impôts, et si la Commission Européenne proteste, vous suspendez la contribution de la France au Budget européen.
Hélas, il aurait fallu qu’il morde la main qui l’avait nourri. En bon chien obéissant, il ne pouvait pas le faire… et l’on voit donc où monsieur Barnier prenait ses ordres…
Et je lui aurais dit aussi que supprimer les dépenses qui ne rapportent rien était nécessaire.
Quand vous reprenez une affaire, il est de bonne pratique de demander au comptable de vous amener les 100 dernières factures qui ont été honorées et de les regarder une par une, en demandant à chaque fois pourquoi et à qui elle a été payée.
Si le comptable ne sait pas pourquoi cette facture existe, on annule la dépense.
Et dans à peu près tous les cas, l’on peut ainsi faire baisser les dépenses de l’entreprise d’au moins 10 %.
Churchill racontait que pendant la première guerre mondiale, l’armée anglaise s’était rendu compte qu’elle entretenait des maitres-chats qui s’occupaient donc de chats. Et personne n’avait la moindre idée de ce à quoi ils pouvaient bien servir.
Renseignements pris, l’arme de guerre ultime, au 13 -ème siècle, était l’arc (longbow) et les rats bouffaient les cordes des arcs.
D’où la nécessité d’avoir des chats. Sept siècles après, ils étaient encore là.
Je me demande combien de maitres chats existent dans nos institutions ? Lâcher Charles Pratt (et quelques autres) et les laisser faire la chasse aux dépenses reconduites, sans que personne ne sache pourquoi elles le sont, serait sans doute extraordinairement rentable.
Si je peux couper 10 % des dépenses inutiles dans mon entreprise sans que quiconque ne s’en rende compte, personne ne me fera croire que je ne pourrai pas couper 5 % de dépenses inutiles voire criminelles dans le budget de l’Etat.
Mais pour cela, il faudrait être compètent, ne pas toucher de prébendes indues, avoir le sens de l’Etat et être honnête, toutes qualités qui ont disparues au sommet de l’Etat depuis bien longtemps.
Pour me résumer, la situation budgétaire et fiscale de la France est désespérée mais pas vraiment sérieuse, tant la gabegie étatique y est évidente. Si Monsieur Barnier avait eu du courage, je suis sûr qu’il aurait pu faire baisser les dépenses de l’Etat de 5 % sans que personne ne s’en rende compte, réduire les impôts en même temps, il n’y aurait plus de déficit et monsieur Barnier, immensément populaire, aurait été notre prochain Président.
Mais pour cela il aurait fallu que monsieur Barnier comprenne quelque chose à la création de valeur.